Nous nous intéresserons ici tout particulièrement au logiciel Ancacrim. Il s’agit en réalité d’un ensemble de logiciels de rapprochement judiciaire ayant pour fondement la suite logicielle Analyst’s Notebook développée par la société I2 qui appartient à IBM depuis 2011[i].
Il est connu du grand public depuis le mois de juin dernier suite à son rôle important dans la médiatique affaire Grégory, au sein de laquelle il a notamment permis de resituer dans différents contextes 12 000 procès-verbaux, 2000 lettres anonymes et plusieurs centaines de témoignages et d’auditions afin d’y souligner les incohérences, ainsi que l’a expliqué le lieutenant-colonel Karine Lejeune[ii]. Toutefois, Anacrim est utilisé par la gendarmerie nationale depuis 1994.
Les logiciels qui le composent permettent de traiter mais surtout de rapprocher de manière logique un nombre d’informations bien trop élevé pour qu’un esprit humain soit capable de réaliser cet exercice. Malgré le degré de complexité de cette réflexion, ces logiciels ont la faculté d’en rendre un rapport clair et compréhensible par l’Homme. C’est ce que l’on a pu observer au cours de l’affaire Grégory, où Anacrim a résumé ses conclusions sous la forme d’un réseau de graphes.
Anacrim est composé de quatre logiciels à avoir été déclarés à ce jour, chacun d’entre eux ayant été créé dans un but bien précis. Ainsi, ANACRIM-ATRT a pour objectif l’exploitation de relevés bancaires et de documents téléphoniques, ANACRIM-ANB (bientôt remplacé par ANACRIM-NG) l’analyse et la représentation visuelle des données, ANACRIM-IVC la gestion des données afin d’identifier les victimes de catastrophes, et MERCURE l’analyse et le traitement des données téléphoniques obtenues sur réquisition[iii]. MERCURE est le seul logiciel d’Anacrim à être issu des services de la police, les trois autres provenant de la gendarmerie.
La mise en œuvre de ces traitements a été définie par un décret du 7 mai 2012 relatif à la mise en œuvre de logiciels de rapprochement judiciaire à des fins d’analyse criminelle. Ce texte autorise le ministre de l’intérieur à utiliser les traitements de données à caractère personnel uniquement dans un cadre déterminé. Il s’agit « des enquêtes de flagrance ou des enquêtes préliminaires et des investigations exécutées sur commission rogatoire relatives à des crimes et délits punis d’une peine d’emprisonnement, ou des procédures de recherche des causes de la mort ou d’une disparition » (article 1).
[i] http://archive.wikiwix.com/cache/?url=https%3A%2F%2Fwww.reuters.com%2Farticle%2Fus-ibm%2Fibm-buys-british-security-analytics-firm-i2-idUSTRE77U4QL20110831
[ii] https://www.sciencesetavenir.fr/high-tech/data/le-logiciel-anacrim-de-la-gendarmerie-un-outil-d-aide-a-l-enquete_113894
[iii] https://www.cnil.fr/fr/anacrim-logiciels-de-rapprochement-judiciaire-des-fins-danalyse-criminelle