Le braconnage est un terme communément employé pour désigner toutes sortes d’activités relatives au commerce illégal d’espèces sauvages.
Au niveau international, c’est la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES) signée à Washington le 3 mars 1973 et entrée en vigueur le 1er juillet 1975 qui encadre juridiquement ces pratiques[i].
Ce texte, également appelé Convention de Washington, commence par apporter des définitions primordiales. On y apprend ainsi que le terme « espèces » désigne « toute espèce, sous-espèce, ou une de leurs populations géographiquement isolée ».
De même, celui de « spécimen » comprend « tout animal ou toute plante, vivants ou morts (…), toute partie ou tout produit obtenu à partir de l’animal, facilement identifiables », et dans le cas d’une plante « toute partie ou tout produit obtenu à partir de la plante, facilement identifiables ».
Quant au commerce auquel le titre de la convention renvoie, il s’agit de « l’exportation, la réexportation, l’importation et l’introduction en provenance de la mer ».
On retiendra ainsi que le commerce illégal d’espèces sauvages peut être considéré comme tout acte de commerce, tel que défini précédemment, réalisé sans la possession ou la présentation d’un permis spécifique (dans les cas où l’obtention d’un permis est possible).
Actuellement, on compte 183 parties à la CITES, dont l’Union européenne[ii]. Celle-ci a intégré la Convention par le règlement (CE) n° 338/97 relatif à la protection des espèces de faune et de flore sauvages par le contrôle de leur commerce, dont les modalités sont portées par le règlement n° 865/2006 adopté par la Commission européenne le 4 mai 2006[iii].
De plus, un plan d’action a été présenté le 3 mars 2016 par la Commission. Ce plan s’érige contre le trafic d’espèces sauvages[iv] remplace la recommandation 2007/425/CE de la Commission qui détermine les mesures de mise en œuvre du règlement n° 338/97[v].
Ce rapport commence par dresser le constat de l’ampleur du braconnage et des ses conséquences. Ainsi, y est expliqué que la progression de la criminalité liée aux espèces sauvages depuis la fin des années 1990 est la cause des risques pour la survie de certaines espèces sauvages emblématiques, mais également pour le maintien de la biodiversité ou même encore pour l’économie de certaines communautés. En effet, cette dernière hypothèse peut être observée lorsqu’une population pour laquelle le tourisme représente une source importante de revenus voit ce financement disparaître en raison de la baisse du nombre d’espèces considérées comme attractives pour l’activité touristique.
En outre, la criminalité a augmenté de manière fulgurante dans certaines régions d’Afrique en raison des recettes extrêmement élevées que permettent d’obtenir les activités de braconnage. Le rapport note en ce sens que les revenus tirés du commerce illégal d’espèces sauvages peuvent atteindre la somme titanesque de 20 milliards d’euros chaque année. De ce fait, le braconnage est souvent associé à des formes de criminalité traditionnelles tels que les trafics de drogue ou d’armes à feu.
Enfin, le plan d’action souligne que l’Union européenne se trouve directement affectée par ce phénomène de commerce illégal, principalement en ce qu’elle fait office de plaque tournante pour les braconniers entre les continents africains et asiatiques.
Cependant, force est de constater que toute la bonne volonté des institutions internationales et européennes ne permet pas de faire obstacle à la pratique du commerce illégal d’espèces sauvages, tant cette pratique est ancrée dans certaines zones, notamment en Afrique. Il convient également de mettre en exergue la forte corrélation entre le braconnage et la pauvreté des populations. Il en résulte que bien souvent, les autorités de ces populations souffrent d’un cruel manque de moyens techniques et financiers pour faire face au quatrième trafic le plus lucratif au monde que constitue le braconnage, derrière les trafics d’armes, de drogue et d’êtres humains[vi].
Malgré ces difficultés, on peut observer que l’évolution des nouvelles technologies et de l’intelligence artificielle peut parfois faire avancer la lutte contre le braconnage. L’exemple récent le plus marquant est sans doute la conception de drones dotés d’intelligence artificielle[vii] permettant de distinguer rapidement les différentes espèces animales faisant la cible des chasseurs, mais également les braconniers eux-mêmes, puis d’alerter en temps voulu les autorités compétentes dans le but d’avorter une potentielle attaque sur des animaux.
Ces drones sont le fruit de l’initiative de la Fondation Lindbergh, un organisme américain spécialisé dans la recherche d’une coexistence entre la technologie et l’environnement, l’idée principale étant de parvenir à mettre les innovations technologiques au service de la protection et la préservation de la nature en vue de parvenir à un équilibre entre les espaces humains et naturels[viii].
La Fondation Lindbergh n’en est pas à ses débuts en matière de nouvelles technologies, puisqu’elle dispose déjà d’un programme intitulé « Air Spheperd » dédié à la protection des espèces naturelles par l’utilisation de drones. Si l’on en croit le site internet de ce projet, toutes les zones propices au braconnage où ces outils ont été testés sont désormais libérées de ce fléau[ix].
La nouveauté réside ici en l’intégration dans ces instruments d’un système d’intelligence artificielle. Pour ce faire, la Fondation a eu recours aux services de Neurala, une entreprise américaine spécialisée dans ce domaine et dont la réputation n’est plus à faire[x]. Massimiliano Versace, co-fondateur et CEO de cette société, a d’ailleurs expliqué à-propos de cette association qu’il s’agit d’un « excellent exemple de la façon cruciale dont l’IA peut être utilisée pour une bonne cause[xi] ».
[i] https://www.cites.org/fra/disc/text.php#XXII
[ii] https://www.cites.org/fra/disc/parties/chronolo.php
[iii] http://ec.europa.eu/environment/cites/pdf/trade_regulations/short_ref_guide.pdf
[iv] http://ec.europa.eu/environment/cites/pdf/WAP_FR_WEB.PDF
[v] http://ec.europa.eu/environment/cites/pdf/WAP_FR_WEB.PDF
[vi] https://www.latribune.fr/economie/international/migrants-le-trafic-d-etres-humains-troisieme-secteur-le-plus-lucratif-des-crimes-organises-728210.html
[vii] http://www.rfi.fr/emission/20170604-drones-ia-unis-contre-le-braconnage
[viii] http://lindberghfoundation.org/
[x] https://www.neurala.com/about
[xi] http://www.numerama.com/tech/260077-contre-le-braconnage-des-drones-dotes-dintelligence-artificielle-veillent-sur-les-troupeaux.html
[…] [i] https://www.cites.org/fra/disc/text.php#XXII […]
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